Nicaragua Part.1 : Ocotal et León.

On avait (non sans mal) réuni quelques informations sur le passage de frontière Honduras/Nicaragua. Notre logeuse à Tegucigalpa nous avait dit qu’un bus partait à 5h30 et allait directement jusqu’à la frontière de Las Manos (passage réputé le plus cool). De plus sa fille, chauffeur Uber, pouvait nous y emmener (sans passer par l’appli ?). Par contre on découvre la veille du départ qu’il faut remplir un formulaire à renvoyer par mail sept jours avant (donc pas possible) ou en ligne avec réponse le lendemain. Le formulaire s’avère impossible à finaliser car il demande l’identité et l’adresse de la personne nous invitant au Nicaragua (tu parles qu’on est invité). Bon on se dit qu’on verra ça sur place, mais que par contre il vaudrait mieux qu’on trouve des dollars (on envisageait peut-être 3Usd pour sortir du Honduras et entre 10 et 13 Usd pour entrer au Nicaragua). Bien sûr tous les ATM du coin ne délivraient que des Lempiras (bien qu’on puisse choisir de retirer en Lempiras ou en Dollars Us). Ayant appris que quelques changeurs guettaient le chaland du côté de l’ex Hotel Plaza, nous y sommes allés changer une cinquantaine de dollars pour assurer le coup (parce qu’on s’est dit que déjà qu’on avait pas le formulaire, alors si on avait pas les sous on risquait quand même d’avoir des soucis !). La transaction s’est bien passée, l’un des deux changeurs s’inquiétant de savoir si la France avait une frontière commune avec l’Ukraine ou la Russie (on l’a rassuré ?).

Du coup départ 4h30 pour l’endroit d’où le bus doit partir (visiblement dans une impasse le long d’une petite galerie commerciale). L’arrivée dans le noir à cet endroit désert n’est pas très engageant mais finalement quelques personnes arrivent, la porte de la boutique s’ouvre, on prend deux billets, les bagages sont chargés et le bus part presque à l’heure (5h46). 3h00 après nous sommes rendus à la frontière de Las Manos qui effectivement s’avère facile (les postes immigration et douane sont regroupés, pas de contrôle de bagages du tout). Contrôle des passeports, du pass sanitaire (c’est la première fois) on attend un moment que la douanière, après nous avoir demandé les renseignements nécessaires, remplisse le formulaire d’entrée, on paye 26 Usd (finalement la sortie du Honduras était gratuite et l’entrée au Nicaragua c’était 13 Usd par personne) et on saute dans le chicken bus qui attend à 50 mètres et qui nous dépose à Ocotal, notre première étape dans ce pays, à 10h46 (pile 5h00, passage de frontière compris). L’hôtel est à 190 mètres, on y va donc pédibus.

Pourquoi Ocotal nous direz-vous ? Parce que c’est la première ville sur la carte après la frontière et comme on ne sait jamais combien de temps le passage peut prendre, on prévoit toujours de se poser pas trop loin (histoire d’arriver avant la nuit, quoi). On ne se rappelle plus pourquoi, mais on avait réservé deux nuits. C’est clairement riche pour une ville comme Ocotal (48 000 habitants) qui a pourtant une importance historique.

C’est là que le général Auguste César Sandino y vainquit les Américains (et la Garde nationale) en 1927, lors d’un siège épique, où il a recouru pour la première fois aux tactiques de la guérilla. L’aviation des marines détruisit ensuite la ville, en utilisant pour la première fois au monde une nouvelle tactique aérienne consistant pour une escouade de 5 bombardiers, l’un après l’autre, à successivement mitrailler en piqué, larguer une bombe et remonter en mitraillant de l’arrière. La puissance de feu était de cette manière maintenue plus durablement que si tous les avions attaquaient en même temps (on appelle ça l’art de la guerre, comme si la guerre pouvait en être un…).

Le long de la place centrale on trouve, bien sûr, l’église. En l’occurrence l’iglesia de Nuestra Señora de la Asunción (église Notre-Dame de l’Assomption, en traduction personnelle donc approximative), de style baroque avec des piliers en bois de pin soutenant le plafond à caissons.

Ce qui est plaisant en Amérique centrale, c’est cette habitude de la peinture partout. Les maisons, les arbres, les poteaux, rien n’y échappe que le motif soit esthétique, commercial, ludique ou politique.

Finalement on n’était pas mal à Ocotal, on avait une jolie vue sur la montagne du balcon de notre chambre (avec une douche chaude, on en n’a pas retrouvée depuis) et dans l’arbre en face on a vu un tout mignon Tyran sociable.

Nous prenons le bus de 7h30 qui nous dépose à 10h00 à Esteli où nous attrapons aussitôt le collectivo pour León que nous atteignons à 12h30 (220 kms en 5h00, très bonne moyenne). C’est en Rickshaw (ou vélo-taxi si on veut rester français) que nous gagnons notre hôtel situé assez loin du terminal de bus.

A l’arrivée il y a un des trois occupants du Rickshaw qui soufflait et avait plus chaud que les autres. La faute au poids des valises sûrement… Allez, comme on ne recule devant rien, et que ce n’est pas nous qui pédalons, on vous emmène avec nous !

León (de son nom complet, jamais utilisé, Santiago de los Caballeros de León) est la deuxième plus grande ville du pays par sa population (212 000 habitants) après Managua, la capitale.

La ville de León a été la première ville fondée dans l’actuel Nicaragua le 1er juin 1524 par le conquistador Francisco Hernández de Córdoba, mais elle était située à 30 km environ de la ville actuelle et a été déplacée suite à un tremblement de terre et à l’éruption du volcan le 11 janvier 1610. Il reste quelques ruines de la ville d’origine, appelées León Viejo, qui sont devenues une attraction touristique (mais nous n’y sommes pas allés, on a dit qu’on arrêtait les ruines).

Ville bien sûr très colorée, León est la ville à l’âme révolutionnaire du Nicaragua. A León, Sandino le héros local a lutté contre l’occupation des États-Unis dans les années 30. C’est à León que le FLSN (Front sandiniste de libération nationale) a été créé, avec les idées sandinistes. A León 4 étudiants se sont fait massacrer par la garde nationale lors d’une manifestation pacifique en 1958. C’est à León que le peuple s’est soulevé contre la famille Samoza et que des hommes et des femmes sont morts pour mettre fin à la dictature en 1979 (ça c’est du résumé concentré!).

Partout les peintures murales rappellent le passé révolutionnaire de León. Il faut dire que du début, dans les années 1960 et 1970, avec l’opposition croissante à la dictature de Somoza à la campagne menée par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) pour renverser la dictature en 1978-1979, puis la guerre qui a opposé le gouvernement du Nicaragua dirigé par le FSLN aux Contras soutenus par les États-Unis de 1981 à 1990, la révolution a marqué une période importante dans l’ histoire du Nicaragua qui était, de fait, un des principaux champs de bataille de la guerre par procuration qu’on a appelé la guerre froide (ça aussi c’est du concentré de résumé !).

Pour rester dans le thème, on a été faire un tour au petit musée de la révolution. La guide qui nous attendait pour meubler sa journée était gentille, mais le musée se limitait à une collection de photos, du coup on n’a pas grand-chose à vous en montrer (faire des photos de photos, bof bof).

Lors de notre première balade en ville on est tombé nez à nez avec deux personnages populaires de León, la “Gigantona” (la géante) et el “Enano cabezón” (le nain à grosse tête). Sous des dehors rigolos, ces deux personnages qui ont été créés lors de la colonisation par les Espagnols ont une signification politique. La géante est habillée avec de beaux habits espagnols et mesure pas loin de 3 mètres. Elle symbolise la puissance du colonisateur. Le nain est le petit indien opprimé. Sa grosse tête signifie que le peuple indien est intelligent et capable de développer son pays par lui-même.

Sinon on a vu des églises (forcément), visiblement la révolution ne se marie pas trop mal avec la religion sous ces latitudes (vous me direz, les églises étaient là bien avant la révolution. C’est pas faux). Dans l’ordre d’apparition le Sanctuaire diocésain Nuestra Señora de la Merced (je me suis posé la question de ce que voulait dire “Merced”, vu qu’on a croisé une palanquée d’église de ce nom et bien ça veut juste dire “miséricorde”. Donc en l’occurrence Notre Dame de la Miséricorde), l’église de San Francisco (associée au couvent des Capucins), l’église de La Recolección (style baroque mexicain) et L’église El Calvario (du calvaire donc et pas du cavalier).

Dans l’église El Calvario on trouve un confessionnal qui m’a fait aussitôt penser à un bateau (si, posé sur le dos, avec une paire de rames ça le fait je suis sûr, faut juste changer la place et l’accent du pécheur).

Surtout au rayon des églises, il y a la cathédrale. De son nom complet Cathédrale-basilique royale de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, de style baroque colonial. Construite entre 1747 et 1814, elle est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ce qu’il y a de bien avec cette cathédrale (mis à part qu’on peut s’assoir au frais dedans), c’est qu’on peut monter sur le toit. Du coup on y a une jolie vue sur la ville.

Une fois redescendu (ouf, c’est moins chaud en bas), on s’est promené en ville et on a vu différents modes de transport (le cheval est encore très présent au Nicaragua, aussi bien pour être attelé que monté).

Quelques belles maisons et beaux bâtiments (je vous dis pas la galère pour prendre les photos des façades avec le boulot des électriciens fous qui ont mis des câbles absolument partout).

Et enfin, en vrac (oui il y a des moments où l’inspiration faiblit) des petits commerces, un marchand de pavés numérotés (un expatrié nostalgique de mai 68 peut-être), un magasin pour gens spéciaux (donc nous) une illustration de la petite maison dans la prairie (personne ne sait s’il n’y avait pas des volcans au bout de la prairie) et un gars qui a sûrement plein de trucs à se faire voler (sinon pourquoi s’embêter avec six clefs pour ouvrir sa porte ?).

León nous a beaucoup plu (et pas seulement parce que notre hébergement disposait d’une piscine) mais demain on part pour notre étape suivante, la ville de Granada. On vous dit donc à bientôt du toit de la cathédrale.

De toute façon, on se tient au courant.

Allez, Topette !

4 réflexions sur « Nicaragua Part.1 : Ocotal et León. »

  1. Hello les Topette !
    Encore un bel article qui nous a fait découvrir un pays que nous ne connaissions pas (mais que nous notons sur nos tablettes). Pays qui a l’air plaisant et charmant (surtout depuis que le climat politique semble moins explosif)… Magnifique photo de vous deux sur le toit de l’église de Léon où vous avez dû sacrément cuire, vu que c’était tout blanc…
    Bonne suite de périple,
    Bises,
    La TTT (team tango tropical), temporairement relocalisée en Argentine jusqu’à demain où nous retrouverons avec plaisir nos chers T&S !

    1. Salut les TTT ou ex-TTT de nouveau TST (ça serait bien de se fixer un peu),
      Nous non plus on ne connaissait pas du tout, mais on a beaucoup aimé le Nicaragua et ses villes tranquilles et colorées.
      C’est pas faux, il faisait très chaud sur le toit de la cathédrale. Nous avons arrêté la cuisson par un bon trempage dans la piscine de notre hébergement (catégorie bonne pioche).
      Bonne reprise brésilienne,
      La team Topette !

  2. Salut les jeunes, toujours aussi cool les couleurs, meme quand c’est tout blanc, pas comme ici quand une maison est blanche elle est moche. Sympa le passage de frontière mais cela reste moins compliqué qu’une demande de carte d’identité. Mais tu sais la guerre est un art, c’est juste un art a la con….
    Bon allez topette

    1. Salut mon Bill,
      Le truc c’est que les maisons blanches ça rend beaucoup mieux sous un ciel bleu !
      Remarque c’est pareil pour les maisons colorées…
      En fait tu devrais déménager à Trentemoult, il y a de la couleur et il parait que tu peux tomber sur un voisin sympa (un peu pochtron) qui fait des belles chansons (qu’il chante faux).
      Le passage de frontière c’est jamais simple, mais heureusement c’est beaucoup moins long que pour avoir une carte d’identité ou un passeport…
      A bientôt,
      La team Topette !

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