Colombia, el riesgo es que te quieras quedar*

*Colombie, le risque c’est que tu veuilles rester

C’est le nouveau slogan de la Colombie qui veut changer son image actuelle à l’étranger (Colombie = pays à risques) pour pouvoir développer le tourisme.

L’idéal ça serait qu’ils en profitent pour améliorer le fonctionnement des bus. La preuve pour aller de Bogota à San Agustín, Google maps nous annonce 525 km et 9h46 de trajet, la compagnie de bus annonce 11h15 et dans la vraie vie on a mis 13h30 (il faut dire que le chauffeur s’est arrêté une première fois pour acheter des avocats, puis une autre fois pour acheter du poisson, puis pour acheter et manger une glace et enfin, à une demi-heure de l’arrivée, pour casser la croute).

Heureusement notre hébergement (qualité très bonne pioche) est à 100 mètres de l’arrêt de bus et notre logeuse est obligeamment venue nous chercher bien qu’il soit 21h30 bien sonné à l’église de San Agustín.

Située à une altitude de 1 730 m, San Agustín est une petite ville de 35000 habitants surtout connue pour son parc archéologique, l’un des plus importants de Colombie, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995. Comme le lendemain de notre arrivée est un vendredi (jour béni) on en profite par aller visiter le site car le vendredi c’est gratuit (eh oui, il faut penser à la petite retraite).

Situé à 3 km du centre, dans la forêt, le parc archéologique abrite un musée et plusieurs sites présentant 300 mystérieuses statues et sépultures. On peut prendre un guide, mais c’est inutile car en vérité on ne sait rien, aucun écrit n’ayant été retrouvé (bon, ça n’empêche pas d’avoir plein de trucs à raconter, au contraire même, et je vais vous le prouver).

Les études archéologiques les plus récentes datent ces statues de la période située entre le Ier et le Ve siècle. La plus grande partie du site n’a toujours pas été fouillée. Ces statues représentent en majorité des personnages sexués, on trouve aussi des représentations d’animaux, et des formes abstraites. Elles ont été sculptées dans le tuf et l’andésite volcanique. On suppose qu’elles avaient une fonction funéraire et votive (c’est la fête).

On estime que ces sculptures et monuments sont l’œuvre d’une civilisation antérieure aux incas et c’est à peu près tout ce que l’on sait. Quelle était cette civilisation ? Comment a-t-elle disparu ? Quelle est la signification de ces sculptures ? Étaient-elles destinées à protéger les morts ou à vénérer des dieux ? Le mystère reste entier (il y a un petit côté Île de Paques miniature…).

On peut voir des sépultures entourées par des alignements de pierres sculptées recouvertes d’une pierre plate comme des dolmens (du coup, on oublie complètement l’Île de Paques, cap sur la Bretagne).

En continuant le chemin (en descente, on mange notre pain blanc là) on croise une statue de grenouille, symbole de fécondité et de fertilité (car ces petite bêtes peuvent pondre jusqu’à 20 000 œufs, mine de rien).

Et on arrive à la Fuente de Lavapatas, un complexe de canaux et bassins taillés par l’homme dans une dalle rocheuse. Même si l’ensemble a été détérioré au siècle dernier par les villageois qui s’en servaient de lavoir (sacrée mère Denis), on peut y deviner des sculptures d’hommes, de visages humains, de reptiles. Des trous et des rigoles avaient également été creusés pour acheminer l’eau vers des baignoires et bassins. Ce site aurait vraisemblablement servi à des cérémonies et rituels religieux.

On peut l’admirer tout à notre aise depuis un superbe pont en bambou (non ce n’est pas celui de la rivière Kwaï) ce qui nous permet de faire une pause avant d’attaquer la montée.

D’ailleurs le bambou est présent partout dans cette forêt, la construction s’est faite en circuit court (j’ai mis ma fine main de pianiste autour d’une pousse pour vous donner une idée de la circonférence).

Il faut gravir la colline pour arriver à l’Alto de Lavapatas. La montée est très raide et on arrive à une sorte de clairière dans laquelle il y a quelques statues. De là, la vue sur les montagnes alentour est splendide.

Le retour se fait d’abord en descente puis, forcément, en montée. Ce sont les joies de la montagne ! En chemin, nous croisons un mille-pattes (enfin, on ne les a pas comptées non plus) et un bananier à fleurs roses (qui donne donc des petites bananes roses, si si).

Et en plus on a la joie d’observer un Bruant chingolo et un superbe Motmot en plein repas (Clin d’œil à Gérard, notre ami spécialiste du Motmot).

Arrivés sur le parking devant l’entrée nous avons vu des jeunes filles en costume folklorique et un colombien qui rentrait chez lui à cheval. Il y avait aussi deux chivas stationnées (je vous vois venir et je précise de suite que ce ne sont pas deux verres de whisky). Une chiva est un bus typique de la Colombie, très colorées, construite à partir d’un châssis d’autobus mais avec le compartiment passagers modifié fabriqué en bois ou en métal (les sièges aussi) et les fenêtres sur les côtés étant remplacées par des accès directs à l’intérieur du bus (toujours prendre les places du milieu en cas de pluie impromptue).

Nous rentrons tranquillement à San Agustín après avoir hélé un taxi. Même si San Agustín n’est pas forcément le village le plus joli qu’on ait visité, il a son charme.

Quelques ruelles avec des maisons coloniales, avec des portes et fenêtres de couleurs vives sur des murs blancs, ou parfois l’inverse.

Par contre, c’est souvent bien pentu ! Il y a même une rue qui est juste un escalier en fait. (On n’a pas été prendre la photo du haut, seules les contre-marches étaient peintes, alors…).

On a fait un petit tour au marché, histoire de faire quelques courses. Il y a plein de fruits et légumes qu’on ne connait pas, mais c’est pas facile de se faire expliquer ce que c’est (même si Martine a l’oreille espagnole).

A la fin du marché, certains rentrent en cariole à cheval, d’autres en bus mais ceux qui ont un chargement fragile préfèrent un moyen de transport individuel (ça doit être plus sûr).

Il n’y a plus qu’à vous montrer la place centrale avec ses deux tondeuses à gazon écolos et son église Nuestra señora de Lourdes (Notre-Dame de Lourdes) avec une statue du Christ juste devant (ça fait peur, non ? Du coup, on n’est pas entré).

Nous quittons San Agustín par le bus de 10h00 après un rapide transfert en taxi (le bus arrive en centre-ville mais il faut aller le prendre 6 km plus bas pour repartir ?) et 4h00 plus tard nous arrivons à Popayán, notre nouvelle étape (il n’y a que 130 km, mais la moitié n’est pas goudronnée).

Un taxi nous dépose à notre nouvel hébergement dont on espérait beaucoup au vu des trois étoiles qu’il affiche fièrement. Franchement c’est surfait, même si ça reste une qualité bonne pioche (eau chaude mais Internet défaillant).

Située à 1 760 m d’altitude, forte d’environ 300 000 habitants, Popayán est surnommée “la ciudad blanca” (la ville blanche).

Ce surnom lui viendrait d’une épidémie de “nigua” (puce tropicale) qui attaquait les pieds des habitants au 19e siècle. La mairie décidait de recouvrir les murs de chaux afin d’essayer de désinfecter la ville. La tradition d’abord sanitaire est restée et aujourd’hui les murs de la ville sont repeints en blanc tous les mois de mars avant la semaine sainte (on croyait que c’était pour notre venue, quelle déception !).

Popayán fut fondée le 13 janvier 1537 par le conquistador Sebastián de Belalcázar. Très rapidement, la ville prit une grande importance sur les plans politique, culturel et religieux. Plus de présidents colombiens viennent de Popayán (17 en tout) que de toute autre ville de Colombie, ainsi que de nombreux poètes, peintres et compositeurs.

Popayán abrite l’Université du Cauca (fondée en 1827), l’une des plus anciennes de la Colombie et des plus distinguées des institutions d’enseignement supérieur. Le seul bâtiment coloré du centre historique est le Théâtre Municipal Guillermo Valencia inauguré le 22 décembre 1927 et reconstruit après le violent séisme du 31 mars 1983 lors duquel la ville et de nombreux monuments furent très endommagés.

Un des sites emblématiques de Popayán est le Puente del Humilladero (pont de l’humilité ?) qui était autrefois l’entrée principale de la ville. Construit sur 12 arches, en plus de traverser la rivière Molino, il servait à éviter la pente piétonne de la Calle del Humilladero, une rue qui était si raide qu’on ne pouvait la gravir sans incliner la tête, d’où son nom d’Humilladero. Il a été mis en service le 31 juillet 1873.

Non loin de là se trouve le Patio del Seminario de San José dans lequel nous sommes allés voir une exposition d’artisanat local (y compris de bonnes glaces artisanales…).

A propos de bonnes choses à manger, on ne saurait trop vous conseiller les empanaditas de Pipián (minis chaussons frits, à la pomme de terre et à la cacahuète). Si vous passez dans le coin, on a une excellente adresse !

Après ça, deux-trois mandarines et au lit !

Autrement, sans surprise Popayán, qu’on appelle parfois la Jérusalem de l’Amérique Latine, est dotée de nombreuses églises. Tout d’abord la Cathédrale Notre Dame de l’Ascension construite à l’origine en adobe, mais détruite en 1566. Elle a maintenant une façade néoclassique.

Le Claustro De Santo Domingo (cloître de saint Domingue) devenu l’université régionale depuis 1932.

L’Iglesia de San Francisco (église Saint-François) est l’une des plus importantes de Colombie en raison de son style néo-baroque tardif de Grenade. Dans son clocher, se trouve l’une des plus grandes cloches d’Amérique appelée la cloche de San Antonio, coulée en or et en bronze (mais on ne peut pas aller la voir). Elle possède une chaire de style plateresque (on ne savait même pas que ça existait ce style), considérée comme la meilleure de Colombie.

Et enfin le Templo de la Encarnación (l’église de l’Incarnation) dont l’intérieur est très beau et notamment son réseau de voûtes nervurées d’influence byzantine.

Et dans toutes ces églises, ça s’active pour préparer la grande affaire de cette semaine sainte (la semaine qui précède Paques, pour ceux qui l’ignorent) que sont les processions. Les processions de la Semaine sainte à Popayán, déclarées par l’UNESCO Patrimoine Culturel et Immatériel de l’Humanité depuis 2009, sont très réputées (troisième ville mondiale pour la Semaine sainte, après le Vatican et Séville).

Ces processions se déroulent imperturbablement chaque année depuis 1566. Tous les jours, entre 20 et 23 heures, se tient une série de processions consacrées respectivement à Marie, Jésus, la Croix, la mise au tombeau et la Résurrection. Ces cinq processions suivent un parcours de deux kilomètres dans le centre de la ville. Des visiteurs viennent du monde entier, voir les croyants qui portent sur des « Pasos » des statues qui symbolisent la passion du Christ (il faut vraiment être motivé, parce que même à huit, ça à l’air de peser très très lourd).

A 1h30 de bus de Popayán (une cinquantaine de kilomètres, ça roule plutôt bien) se trouve Silvia. Nichés à 2800 mètres d’altitude ses 35000 habitants, dont 80 % de la population est indigène, avec une forte communauté Misak (ou Guambianos), se retrouvent à l’occasion du marché qui a lieu le mardi.

Les Guambianos sont réputés pour leurs compétences en tissage et leurs produits tissés sont la principale source de revenus de la communauté, chaque famille possède un métier à tisser qui est utilisé par les femmes pour fabriquer la plupart de leurs vêtements, ainsi que les sacs à dos qu’ils utilisent. Très attachés à leurs traditions et coutumes, ils sont reconnaissables par leur tenue traditionnelle : chapeau trilby, jupe bleue et châle noir frangé de rose pour les hommes et jupe noire et châle bleu frangé de rose pour les femmes.

De plus cette communauté parle sa propre langue, le paez, ou ‘nasa yuwe’ en langue indienne (pour nous ça ne change pas grand-chose, vu qu’on a beaucoup de mal avec l’espagnol colombien). Du coup ça nous fait un marché haut en couleur.

A l’abri d’une halle, le marché est divisé en différentes zones. Les fruits, les légumes, les sucreries, l’artisanat, la quincaillerie, la viande, les viscères (on a regardé que le panneau). Et puis surtout, toutes sortes de patates et aussi la Panela. On en voit un peu partout ; en gros c’est du jus de canne à sucre solidifié.

On vous met quelques photos des indiens Guambianos faisant leur marché ou attendant le bus (ou la jeep) pour rentrer chez eux. On les trouve superbes dans leur costume traditionnel.

On a fait comme eux, on a pris le bus, mais on est rentré à Popayán. Le lendemain nous gagnons le terminal de bus avec un faux-Uber (un copain de la réceptionniste qui a une voiture quoi) et nous prenons le bus qui part à 10h24 et nous dépose à 14h45 à Cali. Taxi (un vrai, donc qui ne connait pas la route) jusqu’à notre hébergement qualité plutôt bonne pioche (surtout pour les espaces communs, les chambres bof-bof).

A part le petit restaurant sympa qu’on s’est dégotté tout près de notre hébergement, Cali ne nous laissera pas de souvenir impérissable (en même temps on n’a fait qu’y passer deux nuits). Fondée en 1536, son nom complet est Santiago de Cali et avec ses 2 500 000 habitants c’est la troisième ville la plus peuplée de Colombie.

Dominé par la chapelle et le parc dont il a hérité le nom, le quartier de San Antonio où nous logeons est l’un des plus vieux quartiers de Cali. C’est un mélange entre street art, maisons colorées, cafés et restaurants charmants.

Cali est la capitale mondiale de la Salsa. L’une des écoles de salsa la plus réputée à Cali est Salsa pura, justement située dans le quartier de San Antonio. On est passé devant mais manque de chance, elle était fermée…

Au détour d’une petite rue, on est tombé sur la Linterna. C’est la dernière imprimerie artisanale de Colombie. Elle a été inaugurée en 1934 et ne cesse de fonctionner depuis avec des machines anciennes et authentiques, dont une Française datant de 1870. Pas de chance c’était aussi fermé, on a dû se contenter d’admirer la façade faite d’une multitude d’affiches.

L’une d’elle nous a particulièrement tapée dans l’œil, celle de la tournée Cargo 92 de la Mano Negra ! Cette tournée avait été mise sur pied à l’occasion du 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. La compagnie Royal de luxe, la Mano Negra, Philippe Genty et Philippe Découflé décident de refaire le voyage à bord d’un vieux cargo, acheté et retapé pour l’occasion, le Melquiadès.

Une rue de Nantes avait été reproduite à l’identique dans la cale du cargo. Dans 7 ports et 6 pays de la façade Atlantique d’Amérique latine, Royal de Luxe présente “La véritable histoire de France” et la Mano Negra assure des concerts. L’année suivante la Mano Negra repartait pour une tournée en Colombie, mais en train cette fois !

Souvenir, souvenir, on monte le son, c’est du soleil plein les oreilles !!!

Profitez bien, nous on reprend la route en direction de la zone cafetera. On vous racontera ça dans le prochain (et peut-être dernier ?) article.

Allez, Topette !

4 réflexions sur « Colombia, el riesgo es que te quieras quedar* »

  1. Hello la Team colombienne !
    Bravo pour cet article très complet et bien coloré (il y a même le motmot de Gérard !).
    Très beaux, les vêtements des Indiens de Silvia : est-ce que Georges a investi dans une tenue ? Ça doit être confortable, mais sait-on si la jupe au masculin se porte comme un kilt, c’est à dire sans rien dessous ? Martine, tu enquêtes pour me donner la réponse ?
    Côté histoire, le parc archéologique de San Augustin avait l’air très intéressant…
    Sinon, je note que, comme au Brésil, il semble rare de marcher à plat en Colombie ! Je comprends que vous n’ayez pas tenté la grimpette des beaux escaliers colorés (néanmoins une bonne méthode pour galber le mollet), parce qu’à l’altitude où vous évoluez, ça ne doit pas être évident… (j’ai d’ailleurs vu sur le Insta de Martine un escalier qui semble infernal !).
    Bonne fin de périple colombien, profitez bien de ce pays qui nous tente maintenant beaucoup !
    Nous, nous sommes pour la nuit à Turin, étape avant de rejoindre la Savoie demain. On va boire un Spritz à votre santé (on n’est en avril, donc out les “dry months” même si on n’a pas trop respecté et plutôt fait “washed down with caïpirinhas and wine” !!!), en attendant de partager un verre avec vous !
    Bises de la TMD / TSM / TCP (Team Mal aux Dents, Slip Moumoute et Caleçon Polaire), avec le sourire tout de même !

    1. Salut la TMD aka TSM aka TCP (va falloir se décider un jour),
      Martine n’a pas eu le fin mot de la présence ou de l’absence de sous-vêtements sous les jupes des indiens Guambianos (remarque pourquoi poser la question pour les hommes et pas pour les femmes ?).
      Nous vous passons donc le relais pour mener l’enquête, ça vous fera une bonne excuse pour aller visiter ce superbe pays qui nous a emballé !
      Côté apéros, nous on a une hygiène de vie, ce qui nous garantit ces corps de rêve que le monde entier nous envie ! C’est d’ailleurs aussi pour ça qu’on évite les escaliers (quand on peut) car trop de muscle ce n’est pas beau non plus.
      Bises et à bientôt
      La team Topette !

  2. Salut les Jeunes
    Je m’attendais a une photo de vous avec un chapeau Colombien. Allez juste une, rien que pour moi.
    A bientot.

    1. Salut mon bill,
      Eh non, on n’a pas pris de photo avec des chapeaux colombien, car on a encore le sens du ridicule !
      De toute façon maintenant c’est trop tard on est rentré à Angers.
      On passera vous voir un de ces jours
      A bientôt,
      La team Topette !

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