Culte, culture, cultures et montagnes

Le plus grand stupa du Népal (et l’un des plus grand du monde) date du XIVe siècle et se situe à Bodhnath, à quelques kilomètres du centre de  Katmandou. Bodhnath, c’est le lieu de pèlerinage bouddhiste le plus important au pays et il est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

Bodhnath 1

Le sanctuaire est situé en plein cœur du quartier où se sont regroupés de nombreux réfugiés tibétains ayant fuit leur pays à la suite de l’échec de leur soulèvement contre l’envahisseur chinois en 1959.

moines

Le stupa est entouré d’une large allée dallée, bordée de nombreuses boutiques proposant aux touristes des objets de culte, des bijoux, des vêtements et des tissus de toutes sortes. Les croyants font le tour du stupa dans le sens des aiguilles d’une montre en faisant tourner sur leur passage les nombreux moulins à prières logés dans le mur d’enceinte.

prières

Le moulin à prières se présente sous la forme d’un cylindre qui tourne sur un axe. Il est rempli de mantras et le faire tourner avec la main droite (dans le sens des aiguilles d’une montre pour que le mantra soit lu dans le sens où il a été écrit)  a la même valeur spirituelle que de réciter la prière, celle-ci étant censée se répandre dans les airs comme si elle était prononcée.

Bodhnath

Le grand stupa est accompagné de quelques plus petits stupas, bien sûr il est paré de nombreux drapeaux de prières et…. envahi de nombreux pigeons. A l’origine un stupa est une sorte de tumulus en brique Bodhnath 3ou en pierre dans lequel est renfermée une relique du Bouddha.

La construction d’un stupa représente les cinq éléments. Sa base se compose de trois terrasses, représentant la terre, la coupole pour sa part représente l’eau, la tour surmontant la coupole représente le feu, la couronne représente l’air et le pinacle le ciel pur (l’éther).

Bodhnath 2

La base de la tour, carrée, constitue le harmika qui porte les yeux du Bouddha. La partie supérieure en forme de pyramide allongée se compose de 13 degrés qui représentent le chemin vers l’éveil.

Après Bodhnath, nous prenons la direction de Bhaktapur, ancienne cité impériale parfois encore appelée Bhatgaon, la cité des dévots. Rivalisant autrefois avec Katmandou et Patan, Bhaktapur fut le véritable centre de rayonnement de la vallée, durant la période des trois royaumes, entre le XIVe et le XVIe siècle.

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Tout ici témoigne de la richesse de l’architecture traditionnelle newar. Le Durbar Square est vaste et dégagé même si les bâtiments, temples et monuments historiques y sont nombreux : temples de Shiva, de Krishna, de Rameshwar, de Vatsala Durga, de Bhadri, de Pashupatinath ; cloche de Taleju ; colonne du roi Bhupatindra Malla.

portes

La Sun Dhoka, (la porte d’or, à droite ci-dessus) permettant d’accéder au palais aux cinquante cinq fenêtres, achevée en 1754, est une oeuvre d’art magnifique, qualifiée de plus remarquable de la vallée.

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La statue dorée qui est posée au sommet d’une colonne érigée en face de la Porte d’or au centre de la Durbar Square représente le roi Bhupatindra Malla, les mains jointes, dans une posture de prière. Le roi Bhupatindra Malla a eu une influence considérable sur les arts et l’architecture de la ville.

elephants

A côté de Durbar Square la place Taumadhi Tole sur laquelle se dresse le temple Nyatapola, achevé en 1702. Doté d’un toit à cinq niveaux superposés, il est le plus élevé du Népal. Un long escalier bordé de cinq paires de statues représentant des lutteurs, des éléphants, des lions, des griffons et des déesses disposées en paliers successifs conduit au sanctuaire dans lequel repose la statue de la déesse Siddhi Lakshmi à laquelle le temple est dédié.

architecture

Bhaktapur est un des fleurons de l’architecture newar. On trouve des sculptures sur toutes les maisons. De plus s’y promener est très agréable car son centre historique est interdit aux voitures.

paon

Dans une petite rue, la fenêtre ornée d’un paon, parfois appelée la “Mona Lisa” du Népal, est un chef d’oeuvre de la sculpture qui date du XVe siècle. Elle semble donner des idées au coq local qui veut sans doute devenir célèbre lui aussi.

poteries

Un peu plus loin on pet voir le quartier des potiers. Constitué d’une petites place et de quelques rues, celui-ci fourmille d’artisans potiers que l’on peut voir à l’œuvre dans la rue ou par des portes entrouvertes.  Partout on peut voir des milliers de poteries en train de sécher au soleil.hommes

Un dernier regard sur la vie quotidienne népalaise avec les couvre-chefs locaux, chez le tailleur avec sa machine à coudre à pédale (avec deux coupures d’électricité par jour d’un total de 11h00, c’est encore le mieux), la pause jeu de carte du début (?) d’après-midi et la méditation homme-chèvre (ou peut-être échange télépathique ?).

Il est temps pour nous, après ces moments intensément culturels de reposer nos neurones. Nous partons donc pour Pokhara, ville située à 198 kms à l’ouest de Katmandou. Ca va nous occuper un bon moment quand même car le bus part à 7h00 de Katmandou et nous dépose à Pokhara sur les coups de 15h00. Huit heures pour 198 kms, selon les critères népalais, on a bien roulé.

route Pokhara

Mais le temps passe assez vite car les paysage traversés sont très beaux dans cette vallée de la chaîne du Mahabharat. Beaucoup de cultures (riz, choux…) le tout sous forme de terrasses pour favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol, lutter contre l’érosion et faciliter le travail agricole.

cultures

Ces terrasses de culture montent assez haut dans la montagne et nécessitent un travail d’entretien constant pour éviter leur effondrement. Le travail agricole pour sa part semble rester très manuel du fait des faibles surfaces de chaque terrasse. On voit assez souvent les buffles attelés à la charrue en bois, ces animaux étant bien adaptés au travail dans les parcelles de rizière en eau.

route Pokhara 2Pour relier les villages sur les deux rives opposées de la rivière on peut voir de nombreuses passerelles suspendues et même quelques tyroliennes qui donnent des sueurs froides aux victimes de vertige.

rizière

C’est du boulot, mais le résultat graphique est assez extraordinaire. On ne s’en lasse pas et ça aide à faire passer le temps malgré un confort plutôt sommaire (le mot amortisseur ne doit pas avoir de traduction en népalais).

lac

Nous voici donc arrivés à Pokhara (2ème plus grande ville du Népal). Pokhara est située au bord du lac Phewa d’un côté tandis qu’à l’opposé de celui-ci, la périphérie de la ville touche le pied de la chaîne des Annapurna, ce qui en fait le point de départ de nombreux treks dont le plus connu est celui du tour des Annapurna.

sur la route

Pas grand chose à voir à Pokhara à part quelques vaches dans les rues (décidément c’est vrai que l’Inde n’est pas loin), un de ces fameux “local bus”, souvent de marque Suzuki, et dans lequel nous avons été jusqu’à seize personnes (mais je pense qu’ils doivent réussir parfois à faire mieux) et enfin ces superbes camions de marque Tata qui transportent tout sur les routes de montagne (et qu’on voit souvent arrêtés en cours de réparation).

Annapurna 2

Pokhara est le seul endroit au Népal ou les montagnes s’élèvent aussi vite. Dans cette zone, sur moins de 30 km, l’altitude passe rapidement de 1 000 m à plus de 7 500 m. Le Dhaulagiri, la chaîne des Annapurna et celle du Manaslu, qui culminent chacun à plus de 8 000 m d’altitude, sont visibles depuis Pokhara.

Anapurna

Un dernier regard sur la montagne au petit matin et on prend la route de l’Inde. Vingt heures de bus et on se retrouve là-bas.

Allez, Topette !

Le bout de la Route

Autrefois Katmandou était l’ultime étape pour les hippies, c’était “le bout de la Route” comme une terre promise à la fin du “Hippie Trail”. Les hippies n’ont fait que passer sans laisser de trace et ont été remplacés par des hordes de “Trekkers” venus se frotter au toit du monde. Finis les pantalons pattes d’eph’, les volutes de fumées odoriférantes, les joies du “peace and love”, et bonjour les vêtements en Goretex, les chaussures de marche, les joies de la saine sueur et des ampoules aux pieds.

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Située à 1350 mètres d’altitude au confluent de deux rivières (la Bagmati et la Bishnumati), Katmandou est entourée d’une couronne de montagnes de taille moyenne dans les contreforts de l’Himalaya. Avec Patan et Bhaktapur elles forment ce qu’on appelle la vallée de Katmandou qui regroupe environ 1,5 million d’habitants. La ville de Katmandou est la deuxième ville la plus polluée au monde après Mexico.

Reflet d’un important passé culturel et religieux, la vallée de Katmandou abrite sept sites appartenant au patrimoine mondial de l’Unesco. Notamment les places appelées Durbar Square, qui regroupaient des temples, des idoles, des tribunaux ouverts, des fontaines en face des palais royaux. Avant l’unification du Népal, celui-ci se composait de différents petits royaumes, ce qui explique que l’on trouve des Durbar Square dans plusieurs villes qui étaient à l’origine les capitales de ces royaumes.

durbar square

Katmandou a donc son Durbar Square que nous sommes bien sûr allés visiter. Ces lieux ne sont pas des musées à ciel ouvert mais bien des lieux de vie quotidiens, avec leur lot de voitures, motos et de marchands en tout genre. Sans oublier la présence permanente de tous ces népalais qui viennent s’assoir, discuter, lire le journal…..

femmes

Une nuée de pigeons réside aussi sur les lieux, bien nourris par les touristes qui achètent pour ce faire des sachets de graines à des vendeurs malins (que je soupçonne d’améliorer l’ordinaire avec un de ces volatiles lorsqu’ils sont à bon poids).

pigeons

Située dans le Durbar Square, une maison attire de nombreux visiteurs. C’est la maison où vit la Kumari de Katmandou, la déesse vivante qui est censée être la réincarnation de la déesse Durga. Une fillette est choisie à l’âge de 3 ans (d’après 32 critères précis) et doit démissionner le jour où elle perd sa première goutte de sang, la plupart du temps le jour de ses premières règles, pour revenir à la vie normale. Elle ne doit par marcher sur le sol (considéré comme impur) ne porter que du rouge (symbole des déesses) et divers autres obligations. Elle sort tous les jours à sa fenêtre à 16 heures (ci-dessous, celle avec des rideaux blancs), mais il est interdit de la photographier.

kumari

Les vieilles maisons alentours sont elles aussi de style newar (ancienne tribu népalaise) avec des murs en briques et des fenêtres en bois noir finement sculpté. Ce style très particulier, créé dès le IVème siècle, est unique et, grâce à sa renommée, fut exporté jusqu’en Chine.

maisons anciennes

Puis nous sommes montés voir un important temple bouddhiste : Swayambhunath appelé aussi “monkey temple” du fait de la présence de quelques singes sur le site. La montée est rude par un escalier de pierres raide, mais la récompense est à la hauteur de l’effort. Sur la colline se trouve un magnifique stupa et on a une vue superbe sur Katmandou et un bon aperçu des montagnes enneigées au lointain.

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Ce jour la le coiffeur-peintre était à l’œuvre sur une statue de Bouddha et l’ascenseur fonctionnait uniquement à l’huile de mollet.

monkey temple

En haut au sommet de la colline, un stupa nous contemple avec ses quatre paires d’yeux, mais il ne répètera pas ce qu’il voit (tout en fait) car il n’a pas de bouche.

bouddha

Swayambhunath compte parmi  les plus anciens sites religieux du Népal. Il aurait été fondé vers le commencement du cinquième siècle. Bien que le site soit considéré comme bouddhiste, le lieu est révéré par les bouddhistes et les hindous.

temples

Beaucoup de drapeaux à prières qui sont faits de petites pièces de tissu rectangulaires colorées et imprimées. Selon les adeptes du bouddhisme tibétain, le vent qui souffle, caressant au passage les formules sacrées imprimées, les disperse dans l’espace et les transmet ainsi aux dieux et à tous ceux qu’il touche dans sa course.

nous

A quelques kilomètres de Katmandou (en fait en périphérie les deux villes s’étant rejointes), nous sommes allés à Patan. Voyage effectué en “Local Bus” qui sont un peu la même chose que les “Collectivos” en Amérique du Sud. Une vielle fourgonnette ou minibus hors d’âge avec quelques sièges, un conducteur pressé, un crieur de destination-encaisseur de monnaie-voltigeur et on entasse deux fois plus de personnes qu’on ne devrait en mettre. Pas d’arrêt affiché car ils sont connus de tous et il suffit de faire signe. C’est ridiculement peu cher et très pratique, les népalais ne demandant qu’à nous aider et nous dire quand descendre.

Patan

Le Durbar Square de Patan est magnifique, et nous y retrouvons les mêmes choses qu’à celui de Katmandou : Palais Royal, temple, fontaine etc…. mais le site est préservé pour partie des voitures et il nous a semblé plus imposant.

Patan 2

Patan est aussi appelée Lalitpur (la Cité de la Beauté). C’était autrefois un grand centre d’enseignement bouddhique. Il parait que le centre ville a la forme d’une conque, symbole de  Vishnou. Pas évident de s’en rendre compte à pied…

bronzes

Les sculptures, qu’elles soient en bois en pierre ou en bronze, sont magnifiques et d’une finesse remarquable. Et leur nombre est impressionnant : il y en a partout !

sculptures

Et puis ce qui est épatant à Patan c’est qu’on voit l’Everest au bout de la rue ! C’est le plus haut sommet du monde qui culmine à 8848 mètres au dessus du niveau de la mer, à la frontière entre le Népal et le Tibet. On ne le verra que de loin, on a oublié l’équipement piolet-crampons à la maison.

everest

Nous sommes rentrés, toujours en local bus, et nous avons fait un petit tour de ville à Katmandou. Ce n’est pas simple de partager la rue avec les voitures, motos, vélos, trishaws, marchands et autres vaches mais comme dans toutes les villes c’est le meilleur endroit pour voir le quotidien des gens. Le Népal nous rappelle par certains côtés davantage l’Amérique du Sud que l’Asie du Sud-Est et ses habitants sont blagueurs, souriants et toujours prêts à rendre service.

vie Katmandou

La toilette se fait parfois au bord de la rue, tout comme la lessive d’ailleurs (c’est drôle cette façon de piétiner le linge…). Un trishaw va livrer son chargement de fils colorés et les écolières se verraient bien manger une sucrerie.

marché

L’après-midi voit arriver les champignons au marché où ils rejoignent les légumes et le poisson qui lui a été pêché il y a un bon moment déjà !

rue Katmandou

Toujours des petits endroits bien appétissants pour se restaurer et nous avons trouvé (amies couturières, bonjour)  une adresse pour faire réparer les machines à coudre.

rue 2

Du tissu, des familles en moto, des trishaws qui attendent le client, de superbes masques en bois peint et plein de petites boutiques qui vendent de tout partout.

porteurs

A des petits riens, on se rappelle que les népalais ont une solide réputation de porteurs et que cette qualité ne leur sert pas qu’en expédition de haute altitude.

place fanfare

Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas vu de fanfare. C’est fait, même si leur porte drapeau semble se désintéresser de l’affaire, tout comme les riverains dont l’un se lave les cheveux et deux autres discutent sans faire attention au remue ménage.

Saddhu

Tiens des shadus. C’est sûr, on se rapproche de l’Inde.

Allez, Topette !