Les Allumettes Portugaises

Après six nuits passées au camping de Vagueira, on se dit qu’il est temps pour nous de reprendre la route, afin de voir si plus loin ça ne serait pas aussi bien, voire mieux même !

Notre fidèle GPS nous optimise donc la route jusqu’à Coimbra, ancienne capitale du Portugal, qui abrite une vieille ville médiévale bien conservée et une université historique bâtie sur le site d’un ancien palais.

Vieille Cathédrale de Coimbra.

Nous nous installons donc au camping municipal devant la porte duquel s’arrête le bus 38, qui nous emmène au centre-ville une fois par heure.

Le truc, c’est que visiblement le respect des horaires n’est pas plus la qualité première des chauffeurs de bus que leur souplesse de conduite. Du coup, avec l’attente pour l’aller, le temps de transport aller, l’attente pour le retour et le temps de transport dudit retour, ça nous plie facile deux bonnes heures cette affaire-là.

Comme un bonheur ça vole toujours en escadrille, le temps est maussade, il y a des travaux un peu partout, y compris dans l’université, et nulle part il n’était fait mention du dénivelé important pour parcourir la ville.

Du coup, on est rentré claqués en n’ayant pas eu le temps de visiter la célèbre “Biblioteca Joanina”, qui est la bibliothèque de l’université (de style baroque), et bien décidé à ne faire une autre tentative que dans quelques années.

L’étape suivante nous voit arriver à Tomar, fondée en 1160 comme quartier général des Templiers au Portugal.

Le château de Tomar est un des monuments les plus significatifs des Templiers en Europe et contient en son sein le couvent de l’ordre du Christ dont la chapelle, inspirée du saint sépulcre de Jérusalem, fut édifiée dans la deuxième moitié du XIIe siècle par les chevaliers du Temple.

L’ensemble du château et du couvent est classé au Patrimoine Mondial par l’Unesco.

La rotonde des Templiers.

Plafond de la rotonde des Templiers.

Echaudés par notre visite de Coimbra, nous avons judicieusement changé de tactique pour la visite de Tomar (pas folle la team Topette !). Nous avons commencé par la visite de l’ensemble château-couvent (qui se situe comme tout bon château Templier en hauteur) avec stationnement de la camionnette-à-tout-faire juste devant l’entrée, avant de rejoindre l’aire (située, elle, au niveau de la rivière) pour la nuit et de visiter la ville basse le lendemain.

Et bien on va vous dire ça change tout… et on a préféré Tomar à Coimbra ! Comme quoi l’intendance c’est important.

Bon il faut dire aussi qu’à Tomar en plus d’avoir abrité les Templiers, ils ont aussi vu naître le philuméniste Aquiles da Mota Lima (1889-1980).

Quésako ? Nous direz-vous (signe que vous nous avez lu jusque-là). Allez, on ne vous fait pas languir plus longtemps : un philuméniste est un collectionneur de boîtes d’allumettes !

Et ce bon Aquiles da Mota Lima, il n’a pas fait semblant ! Il a réuni pendant une trentaine d’années plus de 60 000 boîtes d’allumettes provenant d’environ 127 pays, tout ça parce qu’il avait échangé une première boîte lors du couronnement de la Reine Elizabeth II en 1953.

Alors c’est sûr, la foule ne se presse pas à l’entrée du musée qui abrite cette collection… originale ? remarquable ? surréaliste ? mais on a bien aimé déambuler dans ces sept salles dont certaines pièces nous replongent dans notre propre passé.

On en ressort finalement admiratif de la patience et de l’obstination misent à rassembler ces objets à vocation initialement éphémère, ainsi que de l’ingéniosité qui a dû être nécessaire, en cette époque ou internet n’existait pas, pour mener à bien une telle œuvre.

Pour ceux qui se posent la question, les boîtes sont pleines (on a demandé figurez-vous).

En face du musée des allumettes, une poterie artisanale nous a fait de l’œil. On est entré voir et dans ce sympathique foutoir, un plat nous a tenté. Pourvu qu’il résiste à la fin du voyage sans s’éparpiller…

Autre curiosité à Tomar, la « roda do mouchão ». C’est une grande roue hydraulique en bois qui a des paires de seaux en argile, chacun avec une capacité de cinq litres. Ça ne sert plus à rien mais c’est plaisant à voir sur le bord de la rivière et ça ne dérange pas les oiseaux d’eau.

On a un peu flâné dans les rues et vu l’heure, et comme on ne vous cache pas grand-chose, on vous invite au goûter.

Tomar.

Le bon goûter. Miam…

Au retour à la camionnette-à-tout-faire, on a vu que pendant ce temps-là elle s’était fait un nouveau copain.

Lance-moi l’échelle, je veux monter me coucher !

On a vite repris la route avant qu’ils nous fassent des petits et on a marqué un premier arrêt à Batalha, réputée pour son monastère, dont le nom officiel est Convento de Santa Maria da Vitória, et qui a été construit de 1385 à 1388. Il est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Bon, comme il pleuvait on s’est contenté de jeter un œil à la cathédrale d’une hauteur sous nef impressionnante, mais on n’a pas visité le reste (il faut dire que tous ces édifices religieux à la longue, si on n’est pas à fond dans le truc c’est un poil répétitif).

Alors on a continué jusqu’à Nazaré, qui doit son nom à une statue de la Sainte Vierge qu’un moine aurait apporté de Nazareth, en Palestine, au 4ème siècle.

Aujourd’hui Nazaré est un spot de surf de réputation mondiale, où le surfeur hawaïen Garrett McNamara a surfé la plus grande vague au monde en 2011, entrant dans le Livre Guinness des Records.

Pas assez de vagues pour surfer aujourd’hui. Dommage…

La hauteur des vagues qui peuvent atteindre jusqu’à 30mètres, s’explique par le canyon sous-marin de 5 kilomètres de profondeur qui remonte du fond de l’océan sur 210 kilomètres avant de se refermer à quelques encablures de la côte.

Comme pour le surf on trouve que l’eau est beaucoup trop mouillée, on a préféré faire un tour de marché pour prendre contact avec les spécialités locales. On a rapporté une « Torta de Laranja » de 1, 3 kg, une pure merveille ! (C’est à l’orange, ça rentre dans les cinq fruits et légumes quotidiens je vous ferais dire).

Le lendemain il faisait beau, et nous sommes allé voir le fort de São Miguel et son phare, situé au bout du promontoire sur lequel se trouve Sítio, l’ancien village que les pêcheurs locaux habitaient. Au début du chemin on tombe sur une immense statue d’un homme avec une tête de cerf une planche de surf à la main qui évoque le passé (le miracle de Nazaré) et le présent (le surf).

Dans le village Sítio on peut voir l’Église du 17ème siècle de Nossa Senhora da Nazaré en face de la Capela da Memória, une chapelle du 12ème siècle construite pour commémorer le miracle de Nazaré (en 1182, tandis qu’il poursuivait un cerf un noble fut sauvé par Notre-Dame qui arrêta son cheval juste à temps avant qu’il ne tombe d’une falaise enveloppée de brume).

A côté de la chapelle se trouve un pilier avec une inscription commémorant la visite de Vasco da Gama rendant grâce à Notre-Dame de Nazaré pour son retour de son voyage en Inde.

L’église de Nossa Senhora da Nazaré.

Rentrant dans les terres, nous faisons un arrêt à Obidos surnommée la « maison des reines ». C’est parce qu’Isabelle d’Aragon, reine du Portugal, en passant dans la ville s’émerveilla de sa beauté que son mari, le roi Denis 1er, lui en fit cadeau. Et pendant des siècles, les rois du Portugal suivirent son exemple, offrant cette jolie petite ville à leurs reines en cadeau de mariage.

Ce qu’on voit en premier en arrivant c’est un bel aqueduc du 16e siècle qui transportait autrefois l’eau depuis les montagnes d’Usseira jusqu’à Obidos. Il est long de 3 km et il y aurait environ 3 km enfouis en plus de la partie visible.

Aqueduc d’Obidos.

L’entrée de cette ville fortifiée se fait par la porte « Porta da Vila », dans laquelle se trouve l’oratoire de Notre Dame de la piété qui a été construit au 17ème siècle et décoré d’azulejos au 18ème siècle.

Oratoire de Notre Dame de la piété, Porta da vila.

On remonte tranquillement la rue principale bordée de maisons et d’échoppes blanches avec des arêtes peintes en bleu ou en jaune.

Ça nous emmène au pied du château du 13ème siècle de style manuélin dont les remparts entourent la ville. On peut tout à fait marcher sur les remparts (aucun garde-corps, on est directement dans le vide) et faire de ces egoportraits (jolie expression canadienne) qui ravissent les bimbos en manque de followers sur Instagram (avec un peu de chance, ça peut finir en story médicale).

Plusieurs églises bien sûr dans cette ville, on a apprécié les azulejos de l’église Santa Maria et la librairie Santiago installée dans une magnifique église restaurée du 12ème siècle qui surplombe la ville fortifiée.

La librairie Santiago.

Un rapide arrêt à Peniche, considérée comme la ville la plus à l’ouest du continent européen, ne nous laissera pas un souvenir impérissable. En effet son principal attrait est la proximité avec les îles Berlengas mais hors saison il n’est pas possible d’y faire une excursion.

De plus le musée « da Renda de Bilros » (dentelle aux fuseaux) était fermé. En effet Peniche était réputée pour cet art développé par les femmes de la ville qui servait de complément aux revenus retirés de la pêche. A son apogée, dans la seconde moitié du 19ème siècle, plus de 1000 rendilheiras (dentellières) travaillaient dans huit ateliers.

Passant au large de Lisbonne, que nous connaissons déjà, nous mettons cap plein sud et faisons une pause à Porto Covo (et non pas Pontault-Combault), où tout comme en France nous sommes sous le nuage de sable Saharien.

On ne va pas se plaindre, ça colore les photos sans avoir besoin de les retoucher (ça tombe bien on ne sait pas le faire et en plus on a trop la flemme pour essayer).

Tiens à propos, on a des nouveaux voisins de camping anglais avec un équipement rigolo, fait par eux-mêmes (y compris le véhicule), la classe !

Et pendant qu’on y pense, bonne fête mon Bill !!!

Allez, Topette !

12 réflexions sur « Les Allumettes Portugaises »

  1. Encore merci les amis de cette nouvelle page de votre carnet de voyage 🙂 Même sous le ciel gris ça donne envie d’y aller. Il faut dire que votre bonne humeur rédactionnelle fait oublier ce détail météorologique ! Je ne regrette qu’une seule chose : on n’a pas la photo du joli plat acheté dans l’atelier de poterie
    Belle continuation et encore merci de nous instruire et divertir . Bises sablaises et bien sablées en ce moment. Isa

    1. Coucou Isa !
      Je précise tout de suite qu’on n’a pas du tout envie de déballer notre plat avant de rentrer à la maison… c’est une question de survie pour lui ! Georges prend beaucoup de plaisir à rédiger tous ces posts et aime bien trouver l’anecdote qui nous fera encore plus nous souvenir des beaux endroits que nous visitons… Nous continuons notre route tranquillement, y’a rien qui nous presse… bises et à bientôt !

  2. Bonjour les voyageurs. On vient de découvrir que vous êtes à nouveau sur les routes .
    Voilà encore une destination qui nous plaît beaucoup . Mais on part début avril pour le Nord de l’Espagne dans un 1er temps. On va pouvoir vous suivre . Topette

    1. Bonjour à tous les deux !
      Et oui on est de nouveau en vadrouille depuis le 11 février, au Portugal pour le moment mais nous allons remonter par l’Espagne pour rentrer au 15 avril environ. Tenez nous au courant de votre trajet, on pourra peut-être se croiser pour un petit apéro !
      A bientôt

  3. Impressionnant, le porte-à-faux du copain rouge.
    Pas sûr qu’en France il aurait eu la certification, car le porte-à-faux arrière ne peut dépasser les 2/3 de l’empattement sans excéder 3,50 m.
    Merci pour vos photos et votre humour.

    1. Salut Patrice, merci pour ces précisions techniques, on ne te savait pas aussi pointu sur le porte-à-faux ! Bon le camion était allemand… On se pose encore la question de savoir comment il montait dans la cellule vu la hauteur à laquelle se trouve la porte…
      Merci pour ton commentaire, ça fait plaisir d’avoir des nouvelles…

  4. Hello la Team !
    Dommage pour la bibliothèque de Coimbra, mais bon, a priori, les planètes n’étaient pas alignées pour que la visite soit agréable, entre les bus pas à l’heure, les travaux et la grisaille du ciel !
    Belles photos en revanche de Tomar (vous avez pris la bonne technique, en arrivant directement sur le site avec le cc !), Nazare et Obidos. J’espère qu’il n’y avait pas d’oiseaux à photographier quand vous avez fait le tour des remparts du château !!!
    Continuez à bien vous régaler – à tous les niveaux, bien sûr (les pâtisseries ont l’air pas mal du tout) !
    Amitiés from England !

  5. Merci encore pour ces photos et ce reportage très sympathique. Eglise, farniente dans les rues, musées, goûter, surf ‍♀️, que du bonheur. Bises et bonne route.

    1. Coucou Céline,
      En effet, le programme nous convient tout à fait, c’est la vie tranquille d’une retraite paisible !
      Merci de nous suivre,
      Bises
      La team Topette !

  6. Salut les Topettes,
    Magnifique comme d’hab, je comprend pourquoi les retraités vont la bas.
    Restez dans le sud, c’est plus sympa que le nord.
    A plus les jeunes.

    1. Salut mon Bill,
      Bien content que ça te plaise, effectivement on n’est pas les seuls retraités à prendre le soleil !
      Par contre on va quand même finir par rentrer, on attend juste la fin de la vague de froid qui sévit en France.
      Continue à nous suivre et à bientôt,
      La team Topette !

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