Roule Cool & Roucoule

On nous a fait remarquer, à juste titre, que notre itinéraire n’était pas facile à suivre, voire qu’il manquait une carte pour faciliter la compréhension de nos déambulations. Ne sachant rien refuser à notre assidu lectorat (quand on peut faire plaisir…) on a donc retracé notre parcours (obligé de mettre le nom des bleds en légende, ils sont trop petits pour apparaître sur une carte de taille raisonnable).

On vous avait laissé à Cordes sur Ciel, et depuis on a fait 15 étapes. Il faut dire qu’on est tombé sur un dépliant touristiques intitulé “La route des Pigeonniers” et comme on arrive à s’intéresser à peu près à tout (et de préférence à n’importe quoi, rappelez-vous les boîtes d’allumettes portugaises ou les charettes à boeufs Costariciennes), on s’est mis sur le coup des pigeonniers.

Mais d’abord on a fait halte à Laguépie sur une aire au bord du Viaur. On y a vu un héron cendré, le pont qui relie Laguépie à Saint Martin de Laguépie et un château du 13ème siècle, “Lou Viel Castel”, définitivement anéanti par le feu après avoir été méthodiquement pillé en 1792 (les black blocs ont encore une bonne marge de progression…).

Le lendemain nous vit atteindre Najac, incontournable pour nous depuis le visionnage des documentaires de Jean-Henri Meunier “La vie comme elle va” suivi de “Ici Najac, à vous la terre”. On vous met les deux bandes-annonces qui datent de 2004 et 2006 (c’est sorti en DVD et sur tous les bons sites de téléchargements pirates).

La vie comme elle va – bande annonce.
Ici Najac à vous la terre – bande annonce.

Najac fait partie des plus beaux villages de France. C’est un village médiéval charmant, avec ses rues pavées, ses maisons en pierre et pans de bois. Bon, l’aire pour camping car est tout en bas près de la rivière et le village tout en haut, dominé par sa forteresse. Pour soulager le genou de Martine (qui ne va toujours pas mieux) nous faisons du stop (ça nous rajeunit, tiens) et un charmant couple de néerlandais nous dépose sur la place centrale.

Le château royal de Najac construit au milieu du XIIIe siècle est l’œuvre d’Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis. Il est la manifestation de la reprise en main de Najac après l’épisode Cathare. Les templiers y seront enfermés dans un cachot souterrain après leur arrestation en 1307.

Le Château de Najac fut transformé en carrière de pierre au XIXe siècle mais sa démolition s’arrêta après un accident qui coûta la vie aux ouvriers (il n’y avait pas de CHSCT à l’époque… Ah ben maintenant non plus, sacré Macron va).

Le village médiéval de Najac est perché sur une arête rocheuse d’une longueur exceptionnelle avec une vue imprenable sur  l’horizon et les gorges de l’Aveyron juste en contrebas.

Le bourg est massé entre la Forteresse Royale et l’église Saint-Jean l’Évangéliste (13ème et 14ème siècle) de style gothique méridional (si on commence à trouver des styles gothiques régionnaux maintenant…). En flânant le long de la rue principale vous admirons de très belles maisons dont certaines datent du 14ème siècle.

Avant de redescendre à la camonniette, nous achetons une petite Fouace (appelé un Tastou), très bonne spécialité locale qui passe agréablement au goûter et au petit déjeuner.

On part de Najac pour commencer la “Route des Pigeonniers”. En effet le Tarn possède pas moins de 1700 pigeonniers qui étaient une source de revenus importants de deux façons :

  • D’une part avec la fiente aussi appelée la Colombine (un rapport avec colombin peut-être ?) qui servait à amender la vigne, le chanvre, le tabac, les vergers et les potagers.
  • D’autre part avec la viande, le pigeonneau était très apprécié et très disponible, contrairement aux ovins utilisés pour la laine et le lait et aux bovins qui servaient pour les travaux des champs.

Première étape à Milhars pour un pigeonnier intégré dans une maison d’habitation elle-même bâtie sur les remparts du château.

Le pigeonnier suivant est situé à Le Verdier. C’est un modèle sur piliers qu’on trouve fréquement dans le Tarn. Les piliers en calcaire se terminent par un capel (pour protégéer les pigeons des prédateurs grimpants). L’envol des pigeons se fait par les lucarnes fermées par des plaques percées d’orifices. L’épi de faîtage représente une quille de base carrée. Une belle grenouille verte montait la garde devant la camonniette (elle trouve sans doute qu’on s’occupe trop des pigeons).

Nous finissons la journée à Gaillac, où nous passons la nuit avant de partir découvrir la ville, très connue pour la qualité de son vin (parait-il, on n’y connait rien).

L’abbaye Saint-Michel de Gaillac est une ancienne abbaye bénédictine, située au bord du Tarn. Aujourd’hui, elle est utilisée comme musée de l’abbaye et de la vigne et du vin, tandis que l’église Saint-Michel de Gaillac sert toujours de lieu de culte (c’est pratique pour aller se fournir en vin de messe).

En se promenant avec nos vélos, on a vu le marché domminé par la tour du Griffoul, le château de Foucaud (devenu le musée des beaux-arts) et une boulangerie-patisserie où Martine a acheté une baguette (on ne va quand même pas manger que de la Fouace).

Dans la cour du musée d’histoire naturelle, tenu par un charmant sexagénaire voyageur tourdumondiste et bavard, qui connait bien Michel le coiffeur de Mazé (le monde est petit) se trouve un pigeonnier en forme de tour carrée avec une toiture à 4 pans presque plate.

L’heure de fermeture du musée nous permit de clôturer la conversation avec notre très sympathique nouvel ami et de rejoindre notre campement.

Non loin de Gaillac (on pourrait dire dans la banlieue si tant est qu’un bourg de 15000 habitants puisse avoir une banlieue), nous nous arrêtons à Brens pour jeter un coup d’oeil à son pigeonnier (rénové en 2008) possédant un couronnement de style baroque avec des vases (dont certains ont dû servir de cible à de valeureux chasseurs) et un épi à boules superposées.

Prochain arrêt à Graulhet, pour son pigeonnier sur piliers avec une toiture “pied de mulet”. Six épis de faîtage représentent une quille et une autre sur laquelle est perché un pigeon.

Le pigeonnier de Montdragon a été joliment rénové. C’est un corps dit “pied de mulet” sur quatre piliers massifs. Il est dans le jardin de la maison de retraite au bout d’une allée de cyprès (pour s’habituer sûrement).

Un petit détour par Lombers pour voir son pigeonnier en pierre de taille soutenu par des arcades. Sa couverture en ardoise est de type pyramidale.

Notre route nous ammène dans le charmant village de Lautrec, un des “Plus Beaux Villages de France”. C’est le berceau de la famille Toulouse Lautrec dont le peintre est l’illustre descendant.

Territoire rural, le village doit aussi sa renommée à la production de l’ail rose de Lautrec dont la célébration a lieu le premier vendredi du mois d’août (on est en avance, les première manouilles d’ail rose ne seront en vente qu’après le 17 juillet).

La culture du pastel (Isatis Tinctoria) a fait la richesse de la région. Cette plante permettait de produire de l’indigo (couleur située entre le bleu et le violet) et les coques, également appelées cocagnes, (boules de feuilles de pastel broyées, fermentées et séchées) étaient importées de cette région, appelé alors “pays de cocagne”, vers les ports français de Bordeaux, Marseille et Bayonne. Au 16ème siècle, l’arrivée en masse de l’indigotier, arbre d’origine indienne, avec un pouvoir tinctorial trente fois plus puissant à poids égal de feuilles, signe le déclin du pastel (il faut en moyenne 2 tonnes de feuilles d’Isatis tinctoria pour produire 2 kg de pigment). Lautrec compte quelques ateliers de pastel artisanaux qui rapellent cette époque.

Une belle porte, un grenadier, un cousin tarnais de Daisy, l’école Saint Remi et un cavalier qui surgit de la nuit… Au revoir Lautrec !

Ah ben non, on a faillit oublier ! Figurez-vous qu’il y a un pigeonnier à Lautrec. Et un double en plus. C’est un pigeonnier à deux tours sur arcades qui n’encadre pas une maison mais une grange. La toiture à 4 pans est surmontée d’un lanternon avec un épi de faîtage représentant un pigeon sur une boule.

Nous posons la camoniette au camping de Castres pour deux nuits, histoire de glander un peu (c’est les vacances quand même) et de visiter cette ville de 50000 habitants. Les “Maisons sur l’Agoût”, sont l’emblème de la ville. Elles datent du 17ème siècle et étaient les demeures des tisserands, teinturiers, tanneurs, chamoiseurs et parcheminiers qui ont fait la richesse de Castres et affirmé sa première vocation industrielle, le textile.

Le musée Goya et la mairie avec les jardins sont aussi juste au bord de la rivière Agout et l’arrière de la grande librairie Coulier avec son ancien cloître sont superbes.

On quitte Castres et on file à Saïx (pas de jeu de mots, ça serait trop facile) admirer son pigeonnier sur piliers de style castrais avec son épi de faîtage représentant un traditionnel pigeon.

Et un dernier pour la route, situé à Lempaut. Réhabilité, c’est un pigeonnier castrais à pans de bois sur des piliers en pierre avec un toit à 4 pentes en ardoises type “écailles de poissons”.

Voilà, on a presque fini la route des pigeonniers du Tarn. On aime bien cette petite architecture rurale qui allie souvent praticité et esthétique. On espère que ça vous a plu aussi (sinon respect d’avoir tout lu).

On n’est pas à l’abri de trouver un autre centre d’intérêt bizare qui nous branche d’ici la fin des vacances (on vous l’infligera aussi n’en doutez pas). C’est tout le charme de l’aventure de proximité !

Allez, Topette !

6 réflexions sur « Roule Cool & Roucoule »

  1. haha je suis épatée par toutes ces précisions , vous etes capables de rendre interessants des sujets un peu improbables !!! c est magnifiques ces villages , j ai adoré la fabrique d Indigo 🙂 allez continuez à nous régaler avec vos vagabondages ! bisous à vous

    1. Bonjour Lydie,
      1700 pigeonniers dans le département du Tarn ça nous laisse encore quelques occasions de revenir pour augmenter notre collection !
      C’est vrai que nous avons découverts de beaux villages (aussi grâce à la route des pigeonniers) alors que nous avions décidé de venir dans la région uniquement à cause du festival de Lavaur.
      Comme quoi l’occasion fait les larrons.
      A bientôt et merci de ton assiduité,
      La team Topette !

  2. Hello Les Topette !
    Belle découverte des pigeonniers, ils sont tous vraiment originaux (et merci pour la carte qui permet de situer ce coin de France qui m’est complètement inconnu). Bon, maintenant je suis convaincue qu’un jour, nous irons poser nos roues vers l’ouest !
    La Team Savoyarde, à l’est rien de nouveau !!!
    PS – Impressionnantes les bandes annonces des 2 documentaires, ça donne illico envie de les voir !

    1. Hello les Savoyards !
      C’est vrai qu’ils sont chouettes ces pigeonniers (ahah).
      Mais on est sympa on n’a pas photographié les 1700, il en reste pour votre futur voyage dans la région qui vous plaira car très chargée en histoire, en nature et en gastronomie (combo gagnant).
      Pour les documentaires, n’hésitez pas c’est vraiment que du bonheur !
      A bientôt,
      La team Topette !

  3. Salut,
    Bien sympa votre périple. Nous connaissons moins l ouest du Tarn, l est est plus sinueux dû au lit de la rivière alors ils vous restent encore de la visite. Et ça me donne envie d y retourner mais il me faudrait une camionnette ! Bonne suite dans ce voyage bien français

    1. Salut Myriam,
      Nous aussi on devra revenir car finalement on n’a pas visité l’est du Tarn !
      Les pigeonniers de l’est ne faisaient pas partie de la “route des pigeonniers” (le fascicule de l’office du tourisme) que nous avons grosso-modo suivie.
      A bientôt,
      La team Topette !

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